La crise pousse les entreprises à rationaliser leurs dépenses de formation. Le eLearning est l'un des principaux leviers de cet effort (avec, par exemple, la réduction du nombre d'organismes de formation fournisseurs et la renégociation des conventions annuelles de formation).
Mais la promesse du eLearning ne s'arrête pas là. Besoin de former une force des ventes ou un réseau de distribution au lancement d'un nouveau produit, plan de formation lié au déploiement d'un nouveau système d'information, nécessité de certifier des personnels dans le cadre d'une nouvelle réglementation… Le eLearning, seul ou tutoré ou intégré dans une démarche blended learning, constitue souvent la seule réponse viable quand il s'agit de former aussi vite que possible et de façon homogène des milliers de salariés géographiquement dispersés, dans l'entreprise ou chez les partenaires.
Les apprenants sont de plus en plus nombreux à avoir "consommé" des modalités de la formation distancielle. Lorsque le Département Formation a su investir dans une offre et des services de qualité, le eLearning est plébiscité par des salariés en quête d'une formation plus proche de leurs attentes, plus courte, plus souple, plus variée…
Le marché tente de répondre à cette demande en ordre dispersé.
Les contenus sur mesure restent la principale dépense eLearning des entreprises. Les prestataires pourraient s'en féliciter… Ce n'est pas toujours le cas : cette activité est risquée et faiblement rentable ; elle est concurrencée par la montée en puissance des contenus "sur étagère" qui annexent un nombre croissant de thématiques de formation.
Les plateformes LMS ont le vent en poupe. Les projets sont en nombre croissant ; les entreprises choisissent souvent une implémentation SaaS (Software-as-a-Service), plus rapide et facile à mettre en oeuvre, moins consommatrice de capital. Cependant, l'augmentation des volumes est pour partie neutralisée par la baisse des prix : une entreprise peut à présent s'équiper d'un LMS pour quelques dizaines de milliers d'euros, voire pour quelques milliers dans le cadre d'un projet pilote. L'arrivée de grands concurrents anglo saxons comme learn.com ou l'agressivité retrouvée de majors comme SumTotal, maintiendront la pression sur les prix et pousseront à des rapprochements sur le marché français.
Le Serious Gaming continue d'avoir la faveur des médias, les entreprises mènent une veille plus serrée… Pour autant on voit mal comment, partant de quelques millions d'euros de chiffre d'affaires, ce segment pourra atteindre les prévisions faramineuses de certains analystes…
Les classes virtuelles rencontrent des difficultés d'acclimatation dans le paysage français de la formation continue : d'une durée courte, d'une animation spécifique, nécessitant une infrastructure (réseau, matériel, logiciel) qui fait défaut à nombre d'entreprises, elles peinent à démarrer malgré un potentiel d'efficience considérable.
"Social learning", "mobile learning" : on devrait voir naître quelques beaux projets (favorisés par l'usage grandissant des tablettes numériques et des smartphones)… qui ne feront pas oublier qu'une hirondelle ne fait pas le printemps, alors que ces approches sont en plein développement chez nos principaux compétiteurs.
Michel Diaz