Premier chiffre : 17,3% des entreprises interrogées externalisent déjà le recrutement et la formation ; un pourcentage qui devrait augmenter sensiblement dans les prochaines années, et qui est confirmé par les comptes publiés par Demos (une croissance de 24% de cette activité au premier semestre 2010).
Ce phénomène s'explique par plusieurs raisons. Il s'agit d'abord d'un mouvement général qui pousse les entreprises à se concentrer sur le coeur de métier : venant après l'externalisation des systèmes d'information ou de la relation clients, l'externalisation des fonctions RH et de la formation n'inquiète plus. Par ailleurs la formation est une activité dont la "densité administrative", sans valeur ajoutée mais obligée, est envahissante : le législateur y veille, qui multiplie à plaisir dispositifs, acronymes et paperasserie (dans sa version moderne du formulaire en ligne).
L'idée s'impose de concentrer les Départements Formation sur leurs missions stratégiques, au service du développement des compétences dans l'entreprise (73,1% des sondés), l'anticipation des besoins et l'ingénierie pédagogique (53,8%) et le développement du eLearning (30,8%)… Ce nouveau motif fait une percée remarquable, et l'on peut imaginer qu'il continuera de progresser dans les prochaines enquêtes.
Sous la pression des métiers (voire de la Direction générale), les Responsables Formation prennent conscience de l'enjeu stratégique d'une intégration et d'un développement du eLearning réussi dans l'entreprise.
Prise de conscience aussi qu'il va falloir y consacrer les moyens nécessaires, à commencer par l'acquisition de compétences spécifiques et une réorganisation du Département Formation - déjà bien entamée aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni par exemple… Il y a peu de chance que ce mouvement s'éteigne, au contraire ; audits et benchmarks font leur apparition (services rendus, productivité) à l'occasion ou non d'un projet d'externalisation… Prière de se mettre en ordre de bataille rapidement.
Ce qui se dessine : des transferts de budget significatifs. L'externalisation des tâches administratives permettra de disposer d'une marge de manoeuvre pour, en particulier, faire appel à des experts (41,3% des entreprises sondées).
Un enjeu vital pour la fonction formation dont la décentralisation est en oeuvre dans les métiers et les pays, favorisée par une accessibilité plus grande que jamais aux contenus et aux expertises (l'avènement programmé des réseaux sociaux d'entreprise).
Michel Diaz