L'étude Ambient Insight sortie en juin 2011 donne de précieuses indications sur le marché "Self-paced e-learning" US. Entendre par là le marché des contenus, outils et services permettant aux apprenants de s'autoformer en ligne.
L'étude couvre les secteurs de l'entreprise (formation professionnelle) qui représente encore 37,4% d'un marché global estimé en 2010 à 18,2 Md$, et 7 autres secteurs dont la progression est évaluée : les particuliers, le gouvernement fédéral, les pouvoirs publics locaux, le secteur scolaire, l'enseignement supérieur, les associations, la santé.
Croissance globale attendue : 6% à 24,2 Md$ environ par an sur la période 2010-2015. D'autres secteurs économiques s'en contenteraient volontiers, avec toutefois une inquiétude : le segment de marché du e-learning pour les entreprises est attendu en très faible progression - moins de 1% par an, alors que ceux de la santé et des associations, par exemple, devraient connaître une hausse respective de 16.3%, et 14.3%. Cet optimisme pour le secteur de la santé est de mise : la pression réglementaire impose toujours plus la certification des personnels de ce secteur… Le phénomène n'est pas prêt de finir.
Les prévisions de croissance pour le secteur scolaire et l'enseignement supérieur sont elles aussi importantes : endettés jusqu'au cou, les pouvoirs publics remplacent progressivement les heures de présentiel par de l'autoformation ; quant aux universités, elles répondent de plus en plus à une forte de demande d'autonomie de la part des étudiants.
Cette nouvelle distribution du marché se fera donc au détriment des entreprises qui perdront environ 7% de 37,4% à 29,6% dans le poids du marché global e-learning, avec un léger rééquilibrage au profit des PME dont la croissance est attendue à 4,9% dans les 5 prochaines années.
La baisse semble de mise dans les grandes entreprises, notamment sur le segment des LMS, avec une baisse de 2,3% des acquisitions dans les 5 ans. Plusieurs explications de ce qui ne constitue pas une vraie surprise, compte tenu des signaux donnés par le marché des LMS depuis plusieurs mois. D'abord le taux d'équipement des grandes entreprises est aujourd'hui élevé. Ensuite les prix baissent sous l'effet d'une demande qui décroît, d'une concurrence accrue et de gains de productivité partagés par les éditeurs avec les clients.
Aussi, les plateformes sont attaquées par des nouvelles approches de formation : informal, social learning, mobile learning (lequel est estimé en croissance de 18,3%)… Ce qui nous ramène au débat "Is LMS Dead ?" qui a agité la blogosphère il y a un an… Une question qui reste à creuser étant celle de l'articulation entre la formation formelle et apprentissages informels dans une stratégie globale de formation, et la place que peuvent jouer des LMS qui se réclament tous de cet oecuménisme…
Quels enseignements peut-on en tirer pour le marché français, alors que le marché de l'Europe de l'Ouest est globalement annoncé en petite hausse de 5% dans les prochaines années ? On partagera le même constat d'une forte croissance du e-learning dans les PME à réseau, et la nécessité pour les fournisseurs de se tourner vers d'autres secteurs du marché (éducation supérieure notamment) pour maintenir des taux de croissance qui continueront d'être nettement plus élevés qu'Outre-Atlantique compte tenu du retard encore à rattraper dans les entreprises françaises.
Michel Diaz