D'un côté les éditeurs de SIRH et d'ERP - SAP, Oracle, ADP… dont les plateformes logicielles ont colonisé de longue date les principales fonctions du Système d'Information. Ceux qu'on surnomme les "big guys".
De l'autre les chevaux-légers de la gestion de la formation et des talents… Deux domaines - la formation, les talents - qui étaient naguère cloisonnés et que l'on voit converger rapidement dans les entreprises. La plupart du temps, ces nouveaux venus (tout est relatif) ont fondé leur offre sur le mode SaaS (Software-as-a-Service) : ils proposent à leurs clients de s'abonner à tout ou partie d'un ensemble de services voire de contenus qui couvrent la gestion de la formation, comme celle du recrutement, de la performance, des plans de succession, de rémunération…
Des éditeurs qui bousculent les positions acquises : les entreprises ont tendance à leur faire confiance plutôt qu'aux big guys pour mettre rapidement en œuvre une gestion de la formation et des talents aussi souple que possible à moindre coût.
On pouvait s'attendre à ce qu'ils investissent ce marché par des opérations de croissance externe - c'est fait : SAP vient d'acquérir SuccessFactors, l'un des tout premiers acteurs de ce marché récent. Aucune raison, en effet de ne pas participer à ce mouvement brownien, alors que les acteurs SaaS se concentrent "entre eux" depuis déjà 2 ans (une toute récente : le rapprochement entre Talensoft et RFlex).
Cela même alors que SuccessFactors venait de confirmer ses investissements dans la gestion de la formation à travers notamment un puissant moteur d'évaluation et des avancées dans les apprentissages sociaux avec l'offre Jam (publication, partage de ressources pédagogiques, accès via les smartphones…)
Cette opération change la donne. SAP, Oracle et les autres disposent d'une trésorerie considérable qui leur permet d'acquérir à peu près tout ce qui est à vendre sur ce marché ; difficile de résister à ces sirènes.
Quant à l'intégration, c'est une autre affaire : comment des business models et des cultures aussi différents pourront-ils s'intégrer ? La sagesse poussera sans doute à laisser la plus grande marge d'autonomie à SuccessFactors, au plus grand bénéfice de ses clients surtout s'ils peuvent compter sur une meilleure intégration des 2 plateformes dans leur propre SI. En filigrane aussi : la stratégie du grand éditeur allemand de rattraper son retard dans les activités Cloud dont il confie les rênes à Lars Dalgaard, Président de SuccesFactors.
On ne s'ennuie pas : SuccessFactors annonçait l'acquisition de Jobs2web (plateforme de recrutement 2.0) pour 110 millions € le jour suivant son acquisition par SAP.