e-learning-infos.com : Amplitudes : agence de communication ou bien prestataire eLearning ?
Jean-Vincent Voyer : les deux ! Parce que la problématique est au fond la même : il s’agit dans le cas de la communication d’entreprise comme du eLearning de faire passer un message, de le faire comprendre et retenir.
Pour la petite histoire, Amplitudes a été créée il y a une quinzaine d’années par ses actuels dirigeants, mon épouse et moi-même, qui venions du métier de la communication. C’est dans le cadre de cette activité que nous avons été amenés à rechercher des outils nouveaux pour sortir des sentiers un peu battus de la communication. A l’époque on ne parlait pas encore de eLearning mais tout juste de multimédia… C’est Director, un logiciel d’animation qui a précédé le Flash, qui nous a convaincu « d’écrire » d’une nouvelle façon.
Nous avons testé ces possibilités tout simplement à travers la présentation de nos vœux à plusieurs milliers de Directeurs de la communication. Sous forme d’un « Calendrier de l’Avent , comme les enfants aiment en recevoir pour y trouver les 25 chocolats correspondant aux 25 jours d’avant Noël. Mais le nôtre, sur CD-ROM, exploitait les ressources multimédia : une maison enneigée avec 25 étoiles dans le ciel ouvrant sur 25 animations très diverses - poétiques, grunges… Le retour ne s’est pas fait attendre : plusieurs centaines de destinataires nous ont retournés leurs vœux, et certains nous ont demandé de travailler sur leur projet de communication… Le département multimédia d’Amplitudes était lancé !
La convention multimédia qui a suivi à Deauville, à une époque où nous étions très peu nombreux, nous a permis de concrétiser des collaborations importantes, par exemple sur un premier projet avec Castorama concernant la formation des vendeurs du rayon carrelage, qui a été suivi d’autres projets avec ce grand client historique.
A partir de ce moment nous avons pris la décision de nous spécialiser dans le multimédia de formation, avec la volonté de proposer un très haut niveau qualitatif pour maintenir les apprenants éveillés et affronter la concurrence qui ne manquerait pas de venir !
eLI : Amplitudes aujourd’hui ?
JVV : Amplitudes est un prestataire de conception de contenus eLearning sur mesure. Nous ne faisons que ça, mais nous le faisons très bien ! Et, non, nous ne vendons pas d’outils, pas de logiciels, pas de produits sur étagère…
Ce qui nous caractérise, je crois, c’est l’importance que nous accordons à la compréhension des besoins de formation que nous soumettent les entreprises. Le démarrage de la relation est une étape cruciale qui conditionne la réussite d’un projet : nous passons tout le temps nécessaire à lire la documentation qu’on nous communique, à participer à des formations présentielles chez le client, pour nous approcher au plus près des contenus métiers auxquels les apprenants doivent être formés. Nous avons la chance d’avoir des clients, de grandes entreprises, qui comprennent cette approche et se rendent compte que c’est le fondement même de l’efficacité du programme à réaliser.
Certains clients ont pu être surpris de ce qu’ils prenaient pour de la lenteur, mais se sont vite rendus compte que, après, « ça roulait », sans hésitations, questions, ou, pire encore, sans retours en arrière !
eLI : le Story-board prend donc une grande place dans votre démarche?
JVV : une place considérable : chez Amplitudes, on dit souvent, un peu par provocation, mais il y a du vrai là-dedans, que le travail est presque fini quand le client a validé le story-board, car tout le monde sait alors ce que sera le module à la virgule près ! C’est-à-dire rappelons-le un document complet, structuré en colonnes, aussi précis qu’il peut l’être, avec le crayonné des écrans, les textes qui seront dits par les voix-off, personnes ou mascottes, le descriptif de ce qui va se passer sur l’écran, par exemple "le ballon arrive de la droite et glisse vers la gauche », de ce qu'on va demander à l'apprenant, de la réaction du module à la réponse de celui-ci… Tout est écrit et communiqué pas à pas au client, argumenté, donnant le plus souvent lieu à des échanges enrichissants entre nos correspondants dans l’entreprise et le Chef de projet, qui assure la conception et la rédaction et conduit le projet de bout en bout, et pilote les différents intervenants des différents métiers nécessaires.
Vient ensuite la phase de réalisation des écrans fixes, décors, personnages, qui reprennent très exactement les crayonné, puis la réalisation des animations, des voix-off, etc. La plupart de ces tâches, le développement informatique en Flash en particulier, sont confiées à des sous-traitants triés sur le volet et fidélisés depuis des années. Quant aux voix-off ce sont celles de comédiens spécialisés, que vous entendez tous les jours sur les radios ou TV sans jamais les reconnaître, et qui viennent directement enregistrer dans nos locaux, en présence du rédacteur qui donne ses intentions.
Le résultat est là : nos client utilisent souvent ces modules pendant plusieurs années, d’autant plus qu’on les forme à assurer la maintenance en interne, et que ces contenus sont implémentables sur n'importe quelle plate-forme du marché… à commencer par la notre !
eLI : effectif, chiffres d’affaires ?
JVV : notre modèle économique nous permet avec un effectif réduit de 5 personnes et une quinzaine de collaborateurs externes de répondre au mieux aux besoins de grandes entreprises comme la Banque de France, Castorama, Air France, Arkema, BNP Paribas, Onisep ou encore Poste Europe, un organisme pour lequel nous avons réalisé un programme en 9 langues pour les postes européennes… Au passage, nous avons localisé notre LMS dans ces 11 langues.
Nous réalisons un chiffre d’affaires annuel de l’ordre d’un million d'euros.
eLI : quelles sont les perspectives, la crise affecte-t-elle vos activités ?
JVV : l’impact de la crise est double. D’abord positif : les entreprises attendent que leurs collaborateurs soient plus productifs, ce qui passe par la formation. Une formation moins chère bien entendu, permettant de former d’un coup un plus grand nombre de salariés : le eLearning est bien adapté à ces contraintes. Mais il ne faut pas se cacher que les projets souffrent de la crise : nous avons par exemple récemment gagné une compétition qui n’a pas débouché sur un nouveau contrat, la direction du client ayant décidé de geler ses investissements.
Pour le reste, je vois trois grandes tendances à l’œuvre sur le marché du eLearning. D’abord, comme je le disais auparavant, beaucoup d’entreprises ont compris que la qualité est payante, elles ont acquis une maturité qui se traduit notamment par le professionnalisme des appels d’offres. Ensuite, je pense qu’un lien va s’établir entre d’une part les modules, dans leur version complète, délivrés sur leur ordinateur et d’autre part une version allégée, permettant une partie seulement des activités, sur les mobiles : par exemple, un module de mécanique complet qui se jouerait sur l’ordinateur et une activité tirée de ce contenu répondant sur mobile à une question spécifique « dans quel sens faut-il visser le boulon X312 ! ».
Enfin le rapid learning se développe fortement. Dès lors que l’entreprise, la PME en particulier, dispose des compétences nécessaires, cette approche lui permet d’accéder à une formation à distance dont elle n’a pas à rougir… Nous sommes en train de réfléchir à une offre qui leur serait dédiée, une sorte de boîte à outils pour la PME, des services à la carte.
ELI : quelle est l’actualité d’Amplitudes ?
JVV : malgré la crise, nous continuons de remporter de beaux contrats. Par exemple un appel d’offres récent lancé par Arkema, qui est une filiale de Total : une série de plusieurs modules sur la sécurité qui pastiche des séries télévisées - nous mettons en scène un héros qui doit empêcher plusieurs catastrophes… (Du « 24h Chrono » en quelque sorte !) : des légionnelles qui se glissent un peu partout, un risque d'explosion…
Vous aurez sans doute aussi entendu parler de notre « e-dico de l'eLearning » qui vise à communiquer les nombreux registres du eLearning, à des entreprises qui veulent mieux comprendre ce dont il s’agit, avec des exemples de réalisation chez nos clients… Un outil pour faire passer nos convictions, et qui a déjà été envoyé à plus de 500 décideurs eLearning qui en ont fait la demande. Nous le délivrons depuis peu sur notre site Internet au format PDF.
Enfin je n’oublierai pas, parce que cela nous tient à cœur, les développements que nous avons réalisés pour les travailleurs handicapés : des modules à destination de la Fédération Bancaire Française, que nous avons déclinés dans une version pour les malentendantd, avec un bandeau texte qui déroule au bas de l’écran, et les malvoyants, avec un scénario que nous avons conçu pour prendre en compte ce handicap. A notre connaissance, c’est une première, en dehors de l’utilisation de logiciels de « screen reader », parfaits pour le l’information textuelle, à lire, mais inadaptés à l’interactivité.