e-learning-infos.com : WHP en quelques mots ?
Amaury de Saint Martin : WHP a été créée en 1994, puis reprise par Dominique Trouche en 2005, avec la volonté de diversifier les activités dans le cadre d’un plan de développement ambitieux.
L’entreprise était alors fortement investie dans la localisation de logiciels et d’applications informatiques pour le compte d’éditeurs comme Cognos ou de grands comptes comme Dell, HP et Amadeus dont nous avons localisé toutes les applications en ligne. De la traduction des logiciels à celle des supports de formation il n’y avait qu’un pas… que nous avons franchi, pour adresser dans la foulée de nouveaux secteurs tels que le jeu vidéo, en particulier le segment des MMORPG (jeux massivement multi-joueurs en ligne), par exemple EVE Online de l’éditeur CCP Games, dans des langues comme le japonais ou le russe.
Nous avons historiquement localisé les applications eLearning des éditeurs tels que Amadeus et Cognos, et très rapidement collaboré avec Cegos, sur la localisation de son offre « Global learning by Cegos ». Puis, de fil en aiguille, avec Demos eLearning pour le déploiement à l’international de leurs contenus sur étagère dont les 100 modules ont déjà été traduits à ce jour dans deux premières langues. Enfin, dans ce segment de marché, je n’oublierai pas Crossknowledge dont nous sommes le partenaire privilégié depuis plusieurs années.
Notre implantation sur le marché du eLearning nous permet aujourd’hui de localiser aussi des technologies : récemment les logiciels de l’éditeur Epistema. et de déployer nos services à l’étranger avec des clients tels que les éditeurs de logiciel N-Able (Canada) et HP ou les éditeurs eLearning : Interactive Services en Irlande ou BMGI aux USA et en Chine, déployant des formations en ligne à la méthodologie six Sigma.
Ces développements se traduisent dans nos résultats : WHP enregistre 35% de croissance annuelle à 8,5 millions d’euros de chiffre d’affaires avec un effectif de 60 personnes répartis sur ses sites de Sophia Antipolis, Paris, Bratislava et Shanghai.
eLI : quels types de projet traitez-vous ? Avec quelle organisation ?
ASM : WHP traite essentiellement des grands projets récurrents, réalisés pour de grandes entreprises provenant de tous les secteurs d’activité, avec une prédominance du secteur IT et du eLearning.
Nous disposons de toutes les compétences nécessaires à la localisation de contenus multimédia : compétences en gestion de projet, bien entendu, en ingénierie, infographie, dans l’enregistrement audio… Et surtout compétences de traduction avec un réseau de 1000 traducteurs référencés, c’est-à-dire dont les compétences ont été évaluées et validées, dont un noyau de 300 traducteurs qui collaborent fréquemment avec WHP.
Les besoins des clients peuvent varier considérablement. Oracle University ne nous demande que la traduction en français de ses contenus, alors que Amadeus nous demande de localiser ses applications en 40 langues ! Il faut donc pouvoir répondre à un périmètre très large, ce à quoi nous nous employons avec notre vaste réseau de traducteur.
Comme dans tout projet, le rôle clé est tenu chez nous par le chef de projet en charge d’accompagner le client depuis l’expression des besoins jusqu’à la livraison des contenus traduits, et même au-delà puisque nos clients dans le domaine du eLearning nous demandent d’installer ces contenus sur leur propres plates-formes et de valider le produit final. Nos chefs de projet proviennent de la conduite de grands projets informatiques ou bien sont des linguistes qui ont acquis cette expérience.
eLI : ces activités sont-elles industrialisables ?
ASM : En partie seulement, mais cette industrialisation permet aux entreprises d’obtenir des coûts très compétitifs.
Nous utilisons en particulier ce qu’on appelle des outils de « Mémoire de traduction », comme Trados, qui permettent, chez un client, d’identifier les répétitions, les segments de texte qui ont déjà été traduits pour ce client dans le passé. Avec la mémoire de traduction, nous pouvons garantir une véritable cohérence terminologique au client, et des prix tirés parfois jusqu’à 30%, car ces répétitions ne nécessitent qu’une simple révision linguistique, donc moins onéreuse qu’une traduction.
Nous utilisons aussi des outils de productivité en interne, le logiciel de workflow linguistique Idiom, par exemple, pour faciliter la communication et la validation des livrables produits par l’ensemble de nos traducteurs sur un chantier spécifique. Pour le reste, nous savons aussi nous adapter aux outils des clients : CMS, ou LCMS dans le domaine du eLearning… au besoin, nous savons acquérir toutes les compétences nécessaires pour localiser sur de nouveaux outils tels que, récemment Captivate ou Viewlet Builder.
Par ailleurs nous travaillons activement à la conception d’une offre de traduction automatisée qui n’aurait rien à voir avec les expériences parfois décevantes de traduction automatisée sur le Net… Nous nous dirigeons vers des techniques autrement sophistiquées, bâties sur des décodeurs qui permettent de faire de la traduction à partir de règles statistiques tirées de contexte de traduction similaires. Ceci sera rendu possible à terme, sous réserve de la constitution préalable de corpus de millions de mots qui pourront être déclinés en corpus spécifiques clients… On n’en est pas si éloigné pour les rapports techniques, par exemple… Ce n’est pas le cas pour la localisation des multimédia de formation qui sont des contenus nettement plus complexes…
Enfin, dans le cadre d’un GIE créé avec le groupe d’ingénierie Assystem, nous souhaitons proposer aux agences eLearning, aux académies internes de grands groupes ou aux équipes en charge de grands projets de changement d’industrialiser et d’externaliser la production multimédia de leurs modules. Le core business des agences consiste à générer de l’ingénierie de formation et à apporter leur touche de créativité, et non pas à produire en masse des supports multimédia. C’est pourquoi nous proposons d’externaliser cette activité.
eLI : quelles sont vos perspectives ?
ASM : Les perspectives sont excellentes. D’abord pour des raisons de marché, malgré la crise : à la recherche de la plus grande efficacité de leurs équipes, les entreprises viennent massivement à la localisation de leurs contenus. De ce point de vue, le marché du eLearning nous semble très solide et en particulier son évolution vers les Serious Games proches des méthodes et outils des jeux vidéo que nous maîtrisons déjà. Par ailleurs, WHP poursuit ses investissements, dans des outils et des méthodes qui lui donnent une longueur d’avance, et dans sa force des ventes ; nous avons créé un bureau commercial à Paris pour traiter les grands comptes et les universités d’entreprise ; nous envisageons l’ouverture de nouveaux bureaux en Europe en 2010.
Les concurrents sont encore peu nombreux en Europe, surtout sur ce créneau de la localisation de contenus eLearning. La capacité à traduire des contenus multimédias n’est pas si facile à réunir… Les problématiques liées à la synchronisation des écrans avec les langues, à titre d’illustration, suppose un savoir-faire important… Il en va de même pour la finesse dont il faut faire preuve dans la localisation culturelle des contenus : nous n’allons pas confier la traduction d’un module destiné à l’Argentine à un Espagnol… mais à un Argentin qui disposera d’emblée de tous les codes culturels pour éviter les erreurs…
Notre vocation, c’est de faire du clé en main pour les entreprises… Elles nous confirment quotidiennement que c’est ce qu’elles attendent de WHP !
Propos recueillis par Michel Diaz