e-learning-infos.com : Thierry, pouvez-vous nous rappeler les métiers de Speechi en quelques mots
Thierry Klein : Speechi est avant tout un éditeur de logiciels destinés aux professionnels de l’éducation et de la formation. Pour résumer, nous avons commencé voici plusieurs années à les aider dans la diffusion de leur cours à distance, en différé, sous forme de Powerpoint ou de podcasts…
Dans un deuxième temps, à l’écoute de la communauté des enseignants et des formateurs qui nous font confiance, et que l’on trouve aussi bien dans l’enseignement supérieur que dans les petites classes, nous avons développé des solutions nomades, incluant matériel et logiciel, pour le monde de l’enseignement. Ces solutions se caractérisent par leur « légèreté » et la possibilité d’être partagées et utilisées dans un cadre collaboratif.
Notre credo, c’est que le savoir se répand d’autant plus et plus vite que les supports deviennent plus légers. Chez Speechi on utilise massivement ce concept de nomadisme qui est au fondement de notre politique produit… D’où notamment le TBI mobile, les visualiseurs ou les tablettes graphiques nomades. Le tout pouvant être intégré et pré connecté dans une petite valise qui contient aussi un PC… L’idée est d’y faire entrer une grande salle multimédia ! Il ne reste plus à l’enseignant qu’à la brancher pour faire cours dans sa salle de classe.
eLI : Vous avez annoncé le programme TBI pour tous : en quoi consiste-t-il ?
TK : Pour commencer, je voudrais rappeler qu’un TBI ou « Tableau Blanc Interactif » permet de transformer une image projetée par un vidéo projecteur en une sorte de tablette géante interactive, à partir de laquelle l’enseignant ou le formateur peut piloter son PC. Pour ce faire, nous utilisons la technologie mobile eBeam à laquelle nous avons interfacé l’ensemble de nos logiciels, pour offrir une solution puissante et intégrée à nos clients.
Le principe du programme « TBI pour tous » consiste à prêter un TBI à tout établissement d’enseignement, public ou privé sous contrat, de la maternelle à l’université, qui en fait la demande, pendant 10 jours.
Sans engagement d’achat pour l’établissement qui peut le retourner par La Poste à l’issue du test… ou l’acquérir si celui-ci a été convaincant ! Précision : si le matériel est initialement envoyé au frais de Speechi, les frais du renvoi seront à la charge de l’établissement.
En fait, nous avons généralisé un programme pilote lancé il y a un an et demi, et qui a démontré que Speechi pouvait prendre le risque de lancer « TBI pour tous » à plus grande échelle, avec un stock actuel de 1000 TBI servant aux prêts.
eLI : êtes-vous sûr que les TBI en prêt sont bien testés ?
TK : Nous avons justement choisi la durée du prêt de 10 jours pour prendre en compte cet aspect. C’est un délai suffisamment court et motivant pour être sûr que le prêt sera utilisé à bon escient, et le TBI vraiment testé. Les chiffres le prouvent : environ 90% des TBI prêtés sont effectivement testés.
Par ailleurs nous offrons un support par email pendant la durée du prêt. Nous sommes aussi en train de mettre la dernière main à une cinquantaine de tutoriels d’une minute chacun, qui couvrent toutes les connaissances nécessaires pour installer et utiliser un TBI. Ces vidéos sont gracieusement disponibles sur le site de Speechi.
Ces investissements ont relativement lourds pour Speechi, mais nous les jugeons très efficaces grâce à l’effet boule de neige que le programme induit dans les établissements. Lesquesl ont une réelle marge de manœuvre en matière d’achat… Et nos « clients » nous savent gré de ne pas les relancer quand ils ont retourné leur TBI !
eLI : A quel niveau se situe la France par rapport à ses voisins européens ?
TK : On compare souvent Royaume-Uni et les 400 mille TBI qui équipent ses établissements d’enseignement, soit 0,7 à 0,8 TBI par classe… avec les 15 mille TBI utilisés dans l’éducation en France, dont 6 000 proviennent à fin 2008 de Speechi (NDLR : le prix unitaire catalogue est de l’ordre de 700 €) ! Pour traduire que les investissements publics ont été jusqu’à présent tardifs et faibles dans ces technologies nomades destinées à l’enseignement…
Cependant je ne suis pas certain de l’utilité d’un programme aussi ambitieux que celui de nos voisins d’outre-manche ! Il est certes important de donner accès au TBI à tous les enseignants qui le souhaitent, mais celui-ci n’a pas vocation à se substituer à tous les tableaux noirs ou verts accrochés dans les salles de classe.
Nos pouvoirs publics ont récemment lancé plusieurs programmes qui vont dans le bon sens. C’est le cas, par exemple, avec le programme « Ecole numérique rurale » qui consiste en un plan d’équipement de plusieurs milliers écoles primaires en TBI ; ces écoles proposent un contexte particulièrement adapté, avec des enseignants qui se déplacent fréquemment de l’une à l’autre… Les premières commandes devraient arriver en septembre et octobre. Je signale au passage que nous avons aussi vendu la valise Speechi à des écoles de brousse en Afrique !
Autre plan qui vient d’être annoncé, et sur lequel nous n’avons pas encore beaucoup d’indications : le plan Pécresse aux Universités qui vise à délivrer de la formation à distance, sous forme de podcasts et de vidéos, à 10% au moins des étudiants, sachant qu’un quart des étudiants ne peuvent effectivement être présents à tous leurs cours pour cause de stage ou de travail pour payer leurs études… J'ai lu que 16 millions d’euros seraient mis dans la balance...
eLI : Est-ce qu’il existe un marché dans les entreprises pour le TBI
TK : Il existe probablement un marché dans les entreprises, car les cadres notamment sont de plus en plus nomades. Mais ce marché n’ayant pas encore été véritablement démarché en France, il n’a pas franchement décollé. Les statistiques sont là : 80% des TBI restent utilisés dans les établissements d’enseignement ou de formation continue.
Et le contexte est délicat : le TBI est souvent vu par les entreprises comme un outil de communication, au moment où la crise les pousse à tailler dans leur budget de communication…
Propos recueillis par Michel Diaz