Le taux de croissance globalement prévu est de 1,5%, très en deçà des 3,7% réalisés en 2010. En cause les évolutions de la réglementation, comme cette réforme à venir des OPCA, regroupement, nouveau rôle d'accompagnement des PME, contrôle accru des pouvoirs publics sur le paritarisme, ou la mise en oeuvre délicate des parcours professionnels dont la complexité déroute plus d'un acteur du dispositif.
D'autres raisons sont à l'oeuvre, sans doute moins faciles à admettre, car touchant au métier même des organismes de formation. A commencer par le développement du eLearning qui, à défaut de peser significativement en valeur (1% environ du marché de la formation professionnelle continue, selon l'ordre de grandeur donné par le cabinet Fēfaur), a largement dépassé le stade de l'expérimentation. Le nombre d'organismes de formation qui envisagent de compléter leur offre présentielle par les nouvelles modalités d'apprentissage est en forte croissance : investissements en propre, annonce de partenariats (mariage parfois de la carpe et du lapin)… L'actualité des derniers mois est riche d'indications : il s'agit de rester en cours, en proposant une offre de service complète, alors que les Départements Formation ont mission de réduire le nombre de leurs fournisseurs.
Les formations métiers continuent de se tailler la part du lion avec 25% du total, ce que les concepteurs de modules eLearning ne démentiraient pas, au contraire, les modules eLearning sur mesure (essentiellement métiers) représentant un peu moins de la moitié de la dépense eLearning des entreprises.
On savait les formations linguistiques atteintes par la crise… Elles représentent tout de même 12% de l'activité (base 2009). Là aussi, l'impact du eLearning est élevé : la plupart des organismes proposent des formules de type Blended Learning combinant l'accès à de multiples ressources en self service en ligne, le distanciel synchrone (cours par téléphone) et les regroupements présentiels. Du coup, les consommateurs étant plus avertis que jamais, ils vont de plus en plus souvent chercher des ressources gratuites dont le Net regorge (une simple recherche sur YouTube est éclairante)… quitte à revenir vers des formules d'accompagnement plus traditionnelles plus tard.
Le DIF reste un mystère… Une bombe à retardement pour certains, un pétard mouillé pour d'autres. Les organismes de formation de la FFP ont réalisé 13,7% de leur chiffre d'affaires avec le DIF, loin du potentiel contenu dans des comptes salariés qui ont souvent fait le plein… Et les prévisions restent moroses : la baisse attendue est de 6% pour l'année en cours.
Les choses vont-elles pour autant si mal ? La réglementation du marché français de la formation joue le rôle de garde-fou qu'il a toujours joué (et qui a permis l'émergence de leaders mondiaux)… Il suffit d'observer la mine de nos voisins anglais (par exemple) quand on se désole d'un petit 1,5% de croissance presque garanti…