Si le dernier baromètre CCIP du eLearning montre qu'on en est encore bien loin, un certain nombre d'entreprises ont déjà atteint cette proportion. C'est le cas des Banques Populaires qui réalisent aujourd'hui 25% de ces formations en eLearning. « Avec, comme l'indique Francine Clément, Chef de projet formation eLearning au sein de la DRH Groupe, 70% de ces formations eLearning assurées sous forme de Blended Learning, c'est-à-dire d'un mix qui associe eLearning et formations présentielles ».
Ces chiffres n'étonnent pas dans un secteur d'activités caractérisé par une forte décentralisation commerciale et une forte pression réglementaire. La formation eLearning répond bien « à la nécessité de former rapidement un grand nombre de collaborateurs, dispersés sur l'ensemble du territoire, aux fréquentes évolutions de la réglementation... Ce qui a été notamment le cas quand il a fallu sensibiliser nos conseillers aux nouvelles contraintes légales pesant sur la vente de produits financiers. »
Le Blended Learning mis en oeuvre aux Banques Populaires n'obéit pas à un schéma standard : « Tous nos projets de formation métier ou produit font l'objet d'une solution sur mesure ». Le sur mesure porte aussi bien sur les contenus délivrés pendant modules de formation présentielle que sur les contenus eLearning propement dits. Dans 90% des cas, les Banques Populaires s'appuient sur des prestataires extérieurs pour réaliser ces contenus, à travers un processus bien rôdé qui donne un rôle clé au Chef de projet formation qui en assure la conduite. « Au sein de la DRH Groupe, notre équipe est constituée de 6 Chefs de projet formation spécialisés par marché ».
La combinaison sur mesure « présentiel - eLearning » a beau dépendre étroitement du projet, la part de chacune des ces modalités n'en est pas moins bien connue et partagée : « Nous réservons au eLearning les apports de connaissance plutôt théoriques, visant en particulier à mettre l'ensemble des apprenants au même niveau avant l'entrée en présentiel... Lequel est plutôt consacré aux jeux de rôle, aux simulations ou mises en situations qui vont permettre de transformer ces connaissances en véritable savoir-faire ».
Cette répartition explique pourquoi les apprenants réalisent l'essentiel de leurs activités pédagogiques en présentil, dans une proportion où un module eLearning d'une durée de 25 à 30' est couplé avec une à deux journées de formation présentielle.
L'une des questions clés du Blended Learning est, on le sait, celle de l'intégration du présentiel et du eLearning.
De ce point de vue, le rôle d'un Chef de projet formation aux Banques Populaires est crucial : c'est lui qui s'assure de cette cohérence : « Même dans le cas où nous faisons appel à deux prestataires différents pour le présentiel et le eLearning, la bonne intégration des deux est garantie, tant au niveau des méthodes pédagogiques que, par exemple, du vocabulaire, par le Chef de projet en charge de cette formation. » Du coup, le prestataire qui se voit confier la réalisation des contenus eLearning apparaît principalement comme un médiatiseur, et son travail jugé sur la qualité du design et l'adaptation des des activités pédagogiques qu'il peut proposer en adaptation au besoin de formation exprimé.
Le Chef de projet réserve par ailleurs une part importante de son temps auprès des experts internes, dont Francine Clément reconnaît qu'ils sont parfois « difficiles sinon à trouver au moins à mobiliser, compte tenu de leur charge de travail et de la pression quotidienne du métier ». Remarque d'autant plus valable que les experts peuvent se trouver au sein des Banques Régionales qui sont autant d'entités indépendantes... et que le papy boom est en train de passer par là !
Le DRH Groupe intervient donc en support auprès des Banques Régionales ; elles propose des ressources que celles-ci sont libres de mettre ou non en oeuvre. « Un bon exemple de ce mode de fonctionnement est fourni par le tutorat que nous proposons dans le cadre des formations Blended Learning. Nous tenons beaucoup au tutorat, et nous le jugeons comme indispensable, force est de reconnaître qu'il ne peut se traiter qu'au plus près du terrain dans régions. Notre rôle, en tant que DRH Groupe, c'est de faciliter l'harmonisation des méthodes qui peuvent être utilisées ça et là, par exemple en proposant une formation des tuteurs sur la base d'un programme homogène ou à travers l'institution du carnet de tutorat, qui assure la liaison entre le tuteur et l'apprenant dans une étroite coordination avec le directeur de l'agence concernée. La limite compréhensible, c'est que les informations qui figurent dans ce carnet ne nous évidemment pas remontées. »
Le Blended Learning rend ainsi de grands services aux Banques Populaires, services qui ne sont pas loin de satisfaire à l'ensemble des besoins, avec toutefois un petit regret... la qualité et le nombre insuffisant des modules sur étagère pouvant traiter des fondamentaux métier : « Au-delà des spécificités de l'approche métier des Banques Populaires, un certain nombre de concepts de base restent valables pour toutes les banques... et l'on aimerait bien pouvoir trouver ce type de modules plutôt que d'avoir à réinventer la roue en les développant nous-mêmes! ».
Les bons résultats du Blended Learning confortent les Banques Populaires dans leur volonté de poursuivre dans cette voie empruntée depuis en 2005, qui a permis la réalisation de 32 modules eLearning jusqu'à présent... Des classes virtuelles au Serious Game pour la formation des Directeurs d'agence, ce ne sont pas les projets à l'étude qui manqueront...