Quelques chiffres pour fixer les idées : plus de 8 500 étudiants fréquentent l'école de la rue Saint Guillaume, nourris par un corps enseignant de 2 500 enseignants permanents et vacataires choisis après s'être fait un nom dans les mondes de la recherche, l'administration, du journalisme, du marketing, des ressources humaines ou des finances...
L'école se décentralise, avec des campus à Nancy, Dijon, Poitiers, Menton, Le Havre, et à compter de septembre 2010 à Reims qui se verra spécialisé dans les échanges étudiants avec les États-Unis.
Membre du comité exécutif de Sciences Po, DSI et après avoir dirigé la scolarité pendant 4 ans, Stéphane Auzanneau, qui enseigne aussi l’économie en tant que maître de conférence en 1er cycle, a la lourde responsabilité d'interpréter et de mettre les technologies de l'information et de la communication au service des enseignements de Sciences-Po : « Les freins n'ont pas été aussi importants qu'on aurait pu le croire, pour une institution spécialisée dans les sciences humaines et sociales. Il faut dire aussi que le terrain a été préparé de longue date par l'Internet devenu indispensable aux élèves comme aux professeurs ».
Le projet de mettre les cours en ligne a connu une brusque accélération à partir de la découverte de la plate-forme logicielle Momindum. « Nous cherchions un outil qui puisse préserver cette tradition orale des enseignements et enrichir les propos par des ressources pédagogiques complémentaires telles que des références à des sites Internet, des films ou autres ressources numériques. Il fallait aussi qu'il intègre la notion de mots-clés (tags) pour faciliter les recherches et qu'il permette enfin de synchroniser le tout avec l’avancée de la vidéo. »
L'expérimentation a commencé auprès des 2500 élèves du premier cycle, par la reproduction des cours magistraux. Certains professeurs, et pas des moindres, notamment Olivier Duhamel et Dominique Reynié, ont joué le jeu en acceptant d'essuyer les plâtres pendant un semestre l’année passée... D'autres les ont rejoints, à l'instar d'Étienne Wasmer, accompagnés dans cette démarche par de jeunes doctorants formés par la DSI pour aider à mettre leur cours en boîte.
Les cours sont filmés directement en amphi ou dans le studio fond bleu dont l'école s'est dotée, la décision appartenant largement au professeur qui est maître de sa pédagogie. La capture des cours magistraux est souvent préférée : la restitution en est moins statique, et le professeur reste plus naturel dans son élocution. « Cependant, précise Stéphane Auzanneau, il est souvent nécessaire de structurer le cours en séquences logiques de 10 à 15' avant de commencer à filmer, sans pour autant vouloir imposer des normes absolues qui entraîneraient un risque de refus des enseignants. » Filmer n'est pas tout ; il faut ensuite recadrer, ajouter des graphes, des images, des mots clés... utiliser de façon optimale Momindum : le nouveau Pôle numérique de la direction des études et de la scolarité de Sciences Po, créé depuis la rentrée d’octobre, s'y emploie en lien avec la DSI de Sciences Po.
Et le résultat est à la hauteur des ambitions et des moyens déployés : les élèves, professeurs et maîtres de conférence, et collaborateurs de l'école, qui disposent tous d'un compte sur l'annuaire LDAP, peuvent visionner leur cours depuis n'importe quel ordinateur équipé d'un navigateur. « Ce dispositif ne vient en aucun cas se substituer à la forme habituelle de nos enseignements ; au contraire il les enrichit sous de multiples aspects. Par exemple, les maîtres de conférence peuvent visionner le cours magistral pour mieux articuler leur enseignement à celui du professeur. »
Bouche à oreille aidant, l'expérience devrait s'étendre progressivement aux prochains cycles.
Pour en savoir plus : Le projet à travers quelques exemples
Propos recueillis par Michel Diaz